Parfois, certaines choses nous échappent. Blackout en fait incontestablement partie en ce qui me concerne. Parce qu’il est la création d’une icône bitch-pop à la fois niaise et scandaleuse, et qu’il tranche étonnement avec la discographie passée de cette hydre à trois têtes qu’est Britney Spears. L’hydre de Lerne exactement : Les multiples facettes de la personnalité de la popstar sont autant de têtes à couper. Et, comme dans la légende, l’une d’elle se veut immortelle. La comparaison s’arrête en revanche là : Si Hercule parvint à se débarrasser de la créature ; les multiples détracteurs de l’américaine n’y sont toujours pas parvenus.
Malgré les chansons niaises et sirupeuses, ou celles qui vieillissent véritablement mal, malgré encore ses frasques extra-musicales, la chanteuse revient en 2007 avec un album qui, s’il ne fait pas taire toute critique, est en revanche une œuvre respectable. Mainstream au possible, Mademoiselle Spears propose un album qui n’est pas dénué de tout sens artistique. Les tubes, sans être totalement creux, s’enchaînent aisément, et l’album se termine sans avoir eu le temps de nous ennuyer en profondeur.
L’album s’ouvre sur « Gimme More », titre produit par le petit alchimiste de Timbaland, Danjahandz. S’il s’ouvre sur un sulfureux « It’s Britney bitch ! », le morceau complet ne renie pas le moins du monde cette mise en bouche. Sonorités électro soutenues par rythmique binaire. Et un chant aux intonations provocatrices pour faire brûler le tout. Salope autoproclamée dès ce premier titre, Britney Spears laisse enfin tomber les insinuations peu claires : On ne peut que s’en réjouir.
Il faut cependant bien comprendre que Blackout n’est pas qu’une intention, une idée ou un manifeste. C’est véritablement un album de musique. Un bon album qui plus est. Le second titre, « Piece of Me » est sans aucun doute le meilleur argument pour étayer mon propos. Il vous suffira de l’écouter attentivement, si ce n’est pas déjà fait, pour vous rendre compte du virage musical de la jeune américaine. Une instru imparable, entre electro, jungle et hip-hop accompagnée par une mélodie à la fois réfléchie et limpide. L’impression que la mélodie est exactement taillée dans la musique instrumentale, ce qui n’est pas toujours le cas. Et ce n’est pas fini, puisque le troisième titre, Radar, forme avec les deux autres, un étonnant triptyque : un cent pourcent après trois titres sur un album de Britney Spears. Est-ce une farce ? Un rêve ? Même pas, juste un fait.
L’album n’est tout de même pas de bout en bout de la même trempe, et je ne voudrais pas faire passer Blackout pour un classique, un incontournable ou que sais-je encore. Il s’agit tout simplement d’un album satisfaisant, et qui, comme tous les disques de ce genre, contient de petites perles (outre les titres évoqués, on peut par exemple mentionner « Get Naked »), mais aussi de gros ratés, notamment en fin d’album, (« Why Should I Be Sad », navré Pharell).
Si Mademoiselle Spears n’est pas une artiste inattaquable, et si elle n’est pas la reine du bon gout, sachons rester mesurés à travers nos critiques. Oui, lorsqu’on est biberonné à l’indé, il est difficile de reprendre goût à la grosse machine mainstream. Oui, c’est vrai, la carrière de BS a jusqu’ici été jalonnée de nombreuses erreurs, fautes de gout et autres albums exécrables. Mais non, tout n’est pas à jeter, et enfin oui, Blackout est un album de qualité dosée, comme dirait le roi.
Romain.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire