dimanche 20 septembre 2009
Kill The Vultures - Ecce Beast
vendredi 11 septembre 2009
Kid Koala - Carpal Tunnel Syndrome
Romain
jeudi 10 septembre 2009
Bike for Three! - More Heart Than Brains

mercredi 9 septembre 2009
The Slew - 100%

DJ Times: What’s up with your band, Slew?
Koala: It’s a Seattle-based project I’m working in. It’s kind of like the Nirvana of turntablism. We will have a full-length album next year. Prepare yourselves for the advent of Grungelism. Consider yourselves warned.
Source
Nous étions donc prévenus. Quand le turntablist le plus créatif du moment s’autorise ce type de déclarations fracassantes, difficile de se gausser. « 100% », album proposé par The Slew (Kid Koala + Dynomite D + la rythmique de Wolfmother), est aussi gratuit qu’il est marquant. Marquant de puissance sonore, de créativité, et de bon goût. Kid Koala rappelle aux derniers sceptiques (vieux cons ?) que l’art du turntablism n’est pas une arnaque musicale, un artifice superficiel, mais au contraire un moyen capable d’offrir une multitude de possibilités. « 100% » est un album résolument moderne, alors même qu’il remet au goût du jour les souvenirs rock d’antant.
The Slew ne propose pas une tentative poussiéreuse qui se démarquerait plus par la tentative que par le résultat. Les sons distillés par les nombreuses platines du canadien s’intègrent parfaitement au duo batterie basse, le tout se confondant en une synergie hallucinante. Pour preuve, le morceau titre de l’album, qui assène en ouverture un riff samplé dévastateur. Et il en est de même tout au long de cet opus. Les voix, comme les notes de guitares sont samplées, scratchées, parfois jusqu’à la déconstruction totale pour mieux les remonter d’une toute autre manière. Un peu comme ce que faisait Kid Koala sur le morceau « Drunk Trumpet », époque « Carpal Tunnel Syndrome ». Comme je le disais donc, le turntablism offre à la musique une multitude de possibilités qu’il est le seul à proposer. Il permet d’isoler une sonorité qui aurait pu passer presque inaperçue, et de la mettre en avant, de la développer dans toutes ses nuances, pour offrir à l’auditeur une « vision sonore » tout à fait différente.
Si les influences et les emprunts de The Slew proviennent de toute la discothèque chronologique du rock’n’roll, 100% ne manque pour autant pas de cohérence. Le cap est parfaitement tenu, qu’il s’agisse de revisiter Led Zeppelin (« Robin Banks (Doin’ Time) ») ou encore de proposer un « Shalked Soul » éreintant via son bouillonnement sonore constant et de sa rythmique fracassante. Il y a du groove chez The Slew, de la bonne crasse Blues comme on l’aime tous. Et on touche ici un autre point fort de l’album. Il ne s’agit pas seulement d’un bidouillage facétieux ou d’un assemblage ingénieux de sons en tous genres. Cette musique a de l’âme, elle ne rend pas froides les guitares, fades les chants rocailleux et/ou habités ; et elle ne les embellit même pas. The Slew se contente de proposer un autre angle d’écoute, et c’est bien cela qui est remarquable.
Bien qu'on puisse, ne serait-ce que sur la forme, vaguement penser que d’autres ont déjà tenté ce genre d’expériences par le passé, pas d’inquiétude, ce disque de musique n’a strictement rien à voir avec de médiocres essais (Qui a dit Mos Def ?)plus ou moins analogues (plutôt moins que plus, en fait) d’un rapprochement entre rock/blues et hip-hop. On pourra dire que The Slew a ici produit un album d’abstract hip-hop, de turntablism. Mais on pourra également dire que The Slew a produit un album de Rock. Qui a dit qu’il ne fallait plus chercher de ce côté pour s’enthousiasmer de la créativité hors du commun d’un groupe ?
Romain.
mardi 8 septembre 2009
Why? - Eskimo Snow

Deux ans après « Alopecia », « Eskimo Snow », quatrième opus de la formation américaine, est dans les bacs en cette rentrée 2009. Si jusque là, ma préoccupation principale était de savoir quel était, en définitive, le meilleur album de Why?, il est clair que cet album est le plus fade d’entre tous.
Alors qu’« Oaklandazulasylum » était un joyeux bordel foutraque, « Elephant Eyelash » une production pop décalée et irréprochable, et « Alopecia » un nouvelle virée musicale savoureuse ; cette « Eskimo Snow » fait penser à la première erreur d’une carrière jusque là brillante. Si la galette n’est ni nulle, ni inaudible, c’est bien la qualité et le génie auxquels nous avaient habitué Yoni Wolf et sa clique qui fait souvent défaut par ici : Depuis Clouddead, Why? avait de plus en plus glissé vers la pop, pour finir par proposer une musique hybride. D’un coup, tout a dérapé, la ligne jaune a parfois été franchie, de telle sorte qu’on ressort de cet album avec l’idée que cette collection de faces B (enregistrées à l’époque d’Alopecia pourtant) est beaucoup trop pop, trop classique.
Vraiment moins caustique que son prédécesseur, c’est le moins qu’on puisse dire, Eskimo Snow est une galette un brin molle et très premier degré. Si les titres ne vont pas jusque sombrer dans le mièvre (« One Rose » est tout de même une très jolie pièce, tout comme « One Rose Walk, Insomniac » du reste, et son final efficace à souhait, ou les instruments s’entrechoquent avec puissance pour emmener la voix de YW), on a tout de même tendance à rapidement s’ennuyer (« Even the Good Wood Gone », « Berkeley By Hearseback »). Le plus étrange, c’est qu’écoutées unes à unes, les chansons d’Eskimo Snow ne sont pas mauvaises :
Le titre d’ouverture « These Hands », bien qu’il annonce clairement la couleur générale de cet opus, ne laisse aucunement présager une quelconque déception. Un morceau calme et pop, accompagné d’un chant brillant, comme souvent. De la même façon, « January Twenty Something » nous offre une interprétation irréprochable ; Yoni Wolf se retrouve véritablement à faire un duo avec une batterie qui pourrait de prime abord sembler secondaire, mais qui est, au final, on ne peut plus indispensable à la réussite de ce titre.
Comment diable expliquer ce sentiment de déception finale, dès lors qu’on admet que les morceaux ne sont pas mauvais ? Parce qu’on ne saurait se contenter d’un album en deçà de ses qualités de la part de Yoni Wolf, lui qui après Clouddead a su se lancer en solo, et confirmer par trois albums de grande qualité. Lui qui sait apparaitre, le temps d’un couplet, sur les projets de ses camarades et créer l’événement (avec Alias, Themselves, Sole, et beaucoup d’autres).
« Eskimo Snow » n’est ni médiocre, ni nul, c’est juste un album moyen, qui n’a pas su jouer la carte de la mélancolie avec autant d’inventivité que par le passé. C’est un album de pop indé, parfois folkée, qui invoque à sa manière ses illustres prédécesseurs (L.Cohen). Sauf qu’on ne veut surtout pas de ça de la part de Why ?, il n’en a pas besoin. On voudrait toujours retrouver la classe d’un « Act Five », l’efficacité de « The Hollows » ou « The Vowels Pt 2 », le génie hip-pop de « Gemini (Birthday Song) », bref, on voudrait pouvoir retenir plusieurs morceaux d’Eskimo Snow pour les ajouter au très fourni catalogue des joyaux sonores confectionnés par Why? au cours des dix dernières années.
Malheureusement, on ne le fera pas. Mais on se contentera d’écouter cet album, comme il se doit, un dimanche après midi d’automne, pour le trouver joli quand même, cet effort.
Romain.
(Les chroniques de Playlist Society, Words and Sounds et Toujours un Coup d'avance )
Je vous laisse avec "Gemini (Birthday Song)", extrait d'"Elephant Eyelash".
mercredi 2 septembre 2009
Le Klub des 7 - La Classe de Musique

Lorsque le premier album du Klub des 7 sortait en 2006, la moindre des choses qu’on puisse dire, c’est que ce n’a pas été la bombe espérée. Les 7 membres du Klub n’avaient réussi qu’une émulsion partielle. Une addition de talents certains, sans réussir pour autant à faire monter la mayonnaise. Nous avions eu le droit à un album brouillon, qui ressemblait plus à une compil’ « fuzati presents » qu’à une œuvre à part entière. Trois ans plus tard, le Klub revient avec « La Classe de Musique » ; et la métamorphose est assez remarquable.
La bande est de retour sans Freddy K (hommage sans violon ni piano sur « l’Appel »), mais avec un album aussi cohérent qu’appréciable. La qualité générale des instrus a été largement rehaussée. Et si le thème principal développé est celui de l’enfance, cela ne nous étonne pas plus que ça, lorsqu’on se souvient des albums respectifs de Fuzati ou James Delleck. Parfaite mélancolie sans en avoir l’air.
Comme MF Doom dont il s’inspire, Fuzati, épaulé par Detect (ou l’inverse), a un penchant certain pour le sample de sonorités du siècle dernier. Les années 70 sont donc à l’honneur dans la classe de musique, et ça ne pouvait pas tomber mieux pour des jeunes trentenaires retombés en enfance. Interludes sensass’ et samples trop bath’ pour ne pas être mentionnés, le Klub des 7 nous propose en addition des lyrics d’autant plus chics qu’ils sont déclamés par une bande de malicieux chenapans. Les punchlines s’enchainent sans temps mort, que ce soit par le biais d’un Gérard Baste dans une forme lyricale exceptionnelle, ou encore l’homme au masque de faible (qui ne manque évidement pas de plomber l’ambiance en toute fin d’album : «Grandir c’est se rendre compte qu’on ne peut plus dire « pouce », l’école est finie, on ne se reverra pas tous »), en passant par Le jouage, James Delleck et Cyanure.
Qu’il s’agisse des 400 coups plus drôles les uns que les autres (« Non Monsieur », « Pouilleux Massacreur »), du refus de grandir (« l’école est finie »), ou des premiers émois de James Delleck (« Ana et Moi »), ce second album du Klub des 7 est d’autant plus réussi que le premier essai n’avait pas été convainquant. Bien sûr le ton est décalé, les thèmes sont drôles, parfois graveleux, grivois et grossiers. Cela n’empêche pas cette galette –bien au contraire- de faire ressortir une poésie indéniable. Il faut dire que le thème s’y prêtait à la perfection.
Je ne pouvais pas conclure cette chronique sans citer une seconde fois fuzati. Quoiqu’on en dise, et bien qu’il soit moins présent que sur le premier opus, Fuz’ demeure clairement une valeur ajoutée à cet opus. Alors qu’il y a quelques temps je me disais que son personnage concept allait s’essouffler, force est de constater que s’il en use jusqu’à la corde, cette dernière est très solide. Sa technique d’écriture est toujours aussi percutante, et son flow d’apparence miteux s’impose de plus en plus à mes oreilles comme une évidence :
« Klub des 7, rap bon enfant conçu par un eugéniste ;
Rêve de faire sauter le monde avec une boite du petit chimiste ».
Romain.